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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 13:10

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1220431-israel-palestine-une-fois-de-plus-la-loi-du-talion-va-s-appliquer.html

A la faveur de l’assassinat des trois jeunes colons, que l’association que j’ai l’honneur de présider a aussitôt fermement condamné, assassinat revendiqué par un groupe djihadiste Ansar al Qods, Benjamin Netanyahou s’est lancé, avec une gourmandise répugnante dans une "opération punitive" à grande échelle, genre dans lequel l’armée israélienne est de longue date passée maîtresse.

Précisons : si l’on se fie aux déclarations du cabinet israélien, en ce mercredi après-midi, les "représailles" ne sont pas encore lancées, nous n’en sommes qu’aux préliminaires et il y a discussion, "démocratique" évidemment puisque nous sommes en Israël, sur le niveau de l’opération à mener.

La revanche est déjà en marche

Ce discours officiel israélien est relayé dans les médias qui ont peu évoqué l’ampleur réelle de l’opération menée depuis le 12 juin dans des zones à plusieurs reprises déclarées "zones militaires fermées".

Cette opération a combiné bombardements sur Gaza, arrestations de plusieurs centaines de personnes, surtout des militants supposés du Hamas et des défenseurs des droits de l’homme, intrusions brutales dans des centaines de domiciles avec saccage du mobilier, confiscations et, de façon récurrente, vols d’objets personnels… troupes parachutées (oui, vous avez bien lu) près de Naplouse et dix morts avant même la découverte des corps des jeunes colons, dont un adolescent tué à balle réelle dans le camp de Jénine.

Et les choses ont basculé évidemment lundi soir. Netanyahou s’est aussitôt "lâché", qualifiant les auteurs de l’assassinat d’"animaux à forme humaine". Cette écœurante déshumanisation de l’autre, qui ne peut mener qu’à toujours plus de barbarie, n’est pas à mettre sur le compte de l’émotion.

Selon plusieurs sources israéliennes le sort des trois jeunes ne faisait guère de doute pour les enquêteurs, dès les premiers jours de leur disparition. Mais il procède d’une stratégie qui, à la faveur de l’émotion générale qu’on entretient, doit permettre à la fois de réhabiliter les colons aux yeux du reste de la population, de faire éclater le processus palestinien d’entente nationale et de desserrer l’étau des pressions internationales.

Alors on lâche les chiens, on joue avec les instincts les plus bas. Coup sur coup on a appris la tentative d’enlèvement d’un enfant de 8 ans, Rami Musa Zaloom, sauvé in extremis par l’intervention des passants palestiniens, et la mort de Mohammad Hussein Abu Khudair, 16 ans, enlevé par trois colons près du camp de Shu’afat et dont le corps a été retrouvé carbonisé.

Netanyahou y a vu un geste affreux, mais les colons et leurs amis qui signent leurs forfaits du tag "Prix à payer", et désormais "Vengeance par le sang", savent qu’ils peuvent sans vrai risque s’acharner sur les Palestiniens.

Le risque de la loi du talion

Sur la période 2005-2013, 91% des enquêtes sur des colons soupçonnés d’être à l’origine d’attaques contre des Palestiniens n’ont pas donné lieu à une mise en accusation, selon l’ONG israélienne des droits de l’Homme Yesh Din. Seuls 8% des dossiers aboutissent à une mise en accusation et rares sont ceux qui se soldent par une peine effective.

Tout est à craindre donc pour les prochains jours, compte tenu de l’hystérie entretenue dans les mouvements extrémistes. Tout est à craindre aussi du côté des opérations militaires, puisqu’il est entendu qu’il va y avoir représailles et qu’elles relèvent de l’appréciation du cabinet.
Une fois de plus, la loi du talion va s’appliquer, et bien au-delà, contre la population civile. C’est, nous dit-on, dans l’ordre des choses…

Et pourquoi ne le feraient-ils pas, alors qu’année après année, ils n’ont jamais eu à rendre compte de leurs violations du droit humanitaire et de leur total mépris du droit international ?

Le climat émotionnel développé et entretenu ces derniers jours en Israël est particulièrement malsain et dangereux, avec des scènes de chasse à l’homme qui peuvent se multiplier, comme à Jérusalem où 200 colons se sont répandus dans la vieille ville aux cris de "Mort aux Arabes".

Un Mohamed ne vaut toujours pas un David

Laurent Fabius a dit son horreur après l’assassinat du jeune Palestinien. Deux jours avant, s’agissant des trois jeunes Israéliens, il avait aussi exprimé son horreur, mais avait ajouté son "indignation face à ces crimes odieux, lâches et barbares" et présenté ses condoléances au peuple israélien.

En diplomatie, les mots ont un sens et sont pesés au trébuchet. Ils révèlent ici une empathie sélective et la rémanence du "deux poids deux mesures" qui malheureusement n’est pas qu’une formule.

Est-il donc impensable que les deux peuples fassent l’objet d’un égal traitement, ou faut-il croire que les scories coloniales sont telles en France que Mohamed ne puisse toujours pas valoir David ?

Taoufiq Tahani
Président de l'AFPS

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