Communiqué de presse commun d’Addameer, Association de soutien aux Prisonniers et des Droits de l’Homme, Al-Haq et les Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël, mercredi 22 août 2012
Ramallah, 16 août 2012 – Les grévistes de la faim palestiniens Hassan Safadi et Samer Al-Barq continuent à être gravement maltraités par le Service des Prisons Israélien (SPI), sous les formes de brutalité physique et de torture psychologique.
Addameer, Al-Haq et les Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël (PHR-I) expriment leur extrême indignation devant les récents incidents violents qui ont laissé ces détenus, en grève de la faim prolongée, déjà affaiblis, avec un traumatisme et des blessures. M. Al-Barq en est aujourd’hui à son 87e jour de grève de la faim, qu’il n’a commencé qu’une semaine après la fin d’une grève de la faim précédente de 30 jours ; M. Safadi en est aujourd’hui à son 57e jour de grève de la faim, qu’il a aussi commencé peu de temps après la fin de sa grève de la faim précédente de 71 jours.
Lors d’une visite de l’avocat d’Addameer, Fares Ziad, le 14 août, M. Safadi a raconté l’incident violent le plus récent, qui s’est produit le jour précédent. A 9 h environ, le 13 août, des gardes du SPI sont entrés dans la pièce d’isolement que M. Safadi partage avec son compagnon en détention administrative, M. Al-Barq, à la clinique médicale de la prison de Ramleh et ont annoncé leur intention de déplacer les deux grévistes de la faim vers une autre pièce pour les mettre avec d’autres prisonniers de la clinique médicale qui ne sont pas en grève de la faim.
M. Safadi et M. Al-Barq ont refusé le transfert, en considérant que c’était une tentative supplémentaire de faire pression sur eux pour qu’ils rompent leur grève de la faim en les entourant de personnes qui seraient régulièrement en train de manger devant eux.
Après qu’ils aient refusé d’être déplacés, les gardiens de prison israéliens s’en sont pris à la fois à M. Safadi et M. Al-Barq. Pendant l’attaque, la tête de M. Safadi a été à deux reprises violemment tapée contre la porte de fer de la cellule, ce qui l’a fait tomber, inconscient, sur le sol.
Des gardiens de prisons l’ont alors traîné à travers le vestibule pour que tous les prisonniers le voient. Plus tard cette nuit, vers environ 22 h, M. Safadi et M. Al-Barq ont été emmenés vers une autre pièce d’isolement dépourvue de matelas.
Comme résultat de ce traitement cruel, inhumain et dégradant, M. Safadi a ensuite annoncé qu’il arrêterait de boire de l’eau qui a été jusqu’ici son seul moyen de subsistance tout au long de sa grève de la faim. Pour protester contre la brutalité du SPI, les autres prisonniers à Ramleh ont commencé aussi à renvoyer leur repas.
M. Safadi et M. Al-Barq restent en grève de la faim pour protester contre le renouvellement de leur ordre de détention administrative suite à la conclusion en mai de la grève de la faim de masse des prisonniers palestiniens. M Safadi a été explicitement inclus dans l’accord mettant un terme à la grève de la faim et sa libération lui a été garantie à ce moment à la suite de l’expiration de son ordre –une promesse qui n’a pas été tenue.
Une décision finale quant à l’allongement de la détention de M. Safadi a été conséquemment renvoyée à plus tard par un juge militaire israélien et n’a pas été prise à ce jour.
Deux autres détenus palestiniens emprisonnés en Israël sont actuellement en grève de la faim. Ayman Sharawna et Sameer Al-Issawi, en sont respectivement à 47 jours et 16 jours. Les deux détenus sont d’anciens prisonniers qui ont été libérés lors de l’accord d’échange de prisonniers d’octobre dernier et qui ont été postérieurement ré arrêtés.
Ils sont détenus en fonction de renseignements secrets et considèrent leur grève de la faim comme leur seul outil pour protester contre leur ré arrestation.
Addameer, Al-Haq et PHR-I demandent instamment à la communauté internationale d’intervenir auprès des autorités israéliennes compétentes et exigent une enquête immédiate sur ces actions condamnables, et sur d’autres, décidées contre des prisonniers en grève de la faim dans le but de les briser.
Addameer, Al-Haq et PHR-I appellent précisément :
le Bureau des Nations Unies du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme et l’Union Européenne à agir de la façon la plus vigoureuse possible pour sauver les vies des grévistes de la faim et pour empêcher tout mauvais traitement futur ;
les députés européens à porter ces cas à l’attention des autorités israéliennes compétentes sans retard et a envoyer une mission d’enquête pour examiner les conditions de détention des prisonniers palestiniens arbitrairement détenus dans les prisons israéliennes ;
les Hautes Parties Contractantes à la Quatrième Convention de Genève et tous les Etats-membres des Nations Unies à faire immédiatement pression sur Israël pour qu’il respecte le droit international humanitaire et des Droits de l’Homme et mette fin à sa politique de détention arbitraire, et pour qu’il respecte les normes réglementaires pour le traitement des prisonniers adoptées en 1955, qui définissent ce qui est généralement accepté comme étant un principe et une pratique décents dans le traitement des prisonniers.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, Groupe de travail prisonniers