Sa venue est l’occasion de préparer des actions pour ses camarades captifs.
Le jeune franco-palestinien, 26 ans, aura passé 6 ans, 9 mois et 15 jours, soit 2 457 jours dans les geôles israéliennes. Il a été accueilli par un public nombreux à la Busserine (lire ci-contre), mais auparavant à la Région, chez les communistes et les militants associatifs.
- Salah Hamouri à Marseille
Une foule solidaire de la cause palestinienne est venue saluer Salah Hamouri au centre social de la Busserine. LAURENT SACOMMANO
Quels sont les sentiments qui vous ont animé pendant ces plus de 6 longues années de prison ?
Comme je connaissais le but de l’occupation et de notre incarcération, j’ai tout fait pour qu’Israël ne réalise pas son objectif en essayant de toujours garder un bon moral. Mes connaissances politiques et culturelles, je les ai acquises en prison. Mon objectif a été de rendre utiles les années d’emprisonnement. Tous les prisonniers politiques ont tenté de bien utiliser leurs années d’enfermement. Malgré l’interdiction de recevoir des livres en 2007, on s’est ingénié à les faire entrer de façon discrète. On lisait au minimum 2 à 3 livres par mois, on organisait des réunions pour discuter de sujets politiques et autres, c’est ainsi qu’on a passé utilement ces presque 7 ans de claustration.
Comment avez-vous tenu le coup ?
Le rêve nous donnait la force de continuer à vivre et l’espoir qu’un jour on retrouve la liberté.
Qu’est-ce qui vous a le plus manqué pendant votre captivité ?
Les amis, la famille, les proches. Tu te souviens toujours des bons moments passés à l’extérieur, surtout quand je recevais des photos des miens. On avait seulement le droit à 5 photos de famille.
Comment avez-vous été traité ?
Pendant 4 mois, j’ai subi des interrogatoires difficiles attaché sur une chaise 22 heures d’affilée, parfois 48h, chaque jour et à l’isolement total. Les Israéliens utilisent des pressions psychologiques pour nous faire plier. Ils ont emmené mon père alors qu’il venait de se faire opérer du cœur pour l’interroger et me casser.
Dans la bande de Gaza, la visite des familles aux prisonniers est interdite depuis 2006. Plus de 70 enfants sont totalement isolés, on leur refuse la scolarité. Environ 20 prisonniers connaissent l’isolement total, 18 prisonniers gravement malades par cancers ont besoin de soins et d’être libérés, car ils peuvent mourir à tout moment. 9 femmes sont enfermées dans des cellules avec des criminelles. Les prisonniers politiques sont victimes de la détention administrative. A ce titre, ils sont détenus, sans jugement et sans preuves, pendant des années, parfois jusqu’à 4 à 5 ans sans être passés par un tribunal.
A quoi vous consacrez-vous aujourd’hui ?
Après ma libération intervenue le 18 décembre 2011, il m’a été interdit de circuler jusqu’au 12 mars 2012. Je suis arrivé en France le 4 avril dernier pour une tournée de 45 jours. Je parle de la cause palestinienne et du sort des prisonniers qui nécessite la mobilisation des deux peuples, français et palestinien.
Quel message aimeriez-vous adresser aux Français, aux élus, à leur futur gouvernement et président ?
Arrêtez de parler et agissez ! Arrêtez de traiter l’Etat occupant comme un Etat au-dessus des lois internationales.