Après huit jours de confrontation avec Israël, le Hamas s’impose comme un interlocuteur incontournable
Un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur mercredi 21 novembre au soir, une semaine après le lancement par Israël de l’opération « Pilier de défense », dans la bande de Gaza. Au total, 155 Palestiniens et 5 Israéliens ont été tués durant les affrontements. C’est un accord négocié par l’Egypte qui a permis d’installer la trêve entre l’Etat hébreu et les mouvements armés palestiniens.
Si l’accord est respecté, Israël peut espérer une longue période de calme dans les villes exposées aux roquettes palestiniennes. Sur le plan militaire, les dirigeants de l’Etat hébreu estiment avoir rempli les objectifs qu’ils s’étaient fixés en portant un coup sévère à l’arsenal du Hamas. En Israël, la campagne électorale va reprendre, en vue du scrutin anticipé du 22 janvier. Ce sera l’occasion de mesurer dans l’opinion les conséquences de cette opération et du cessez-le-feu qui l’a achevée.
Pour le Hamas, il est très tentant de crier victoire. Le mouvement reste maître de la bande de Gaza, il a reçu le soutien de plusieurs pays de la région durant l’opération, à commencer par l’Egypte. Et il pourra se targuer d’avoir amélioré le quotidien de la population du territoire si le blocus est allégé de façon significative.
Le Hamas s’est aussi imposé comme un interlocuteur incontournable pour Israël. L’Etat hébreu n’a pas eu d’autre choix que de fixer les para
mètres d’une sortie de crise en acceptant un dialogue indirect avec son ennemi juré.
C’est au moins la deuxième fois, puisqu’en octobre 2011, c’est aussi une négociation indirecte qui avait permis la libération d’un millier de prisonniers palestiniens en échange du soldat israélien Gilad Shalit, détenu pendant cinq ans dans la bande de Gaza.
Par ailleurs, les groupes armés de Gaza peuvent se targuer d’avoir marqué les esprits durant cette semaine de violence, en tirant pour la première fois des roquettes d’une portée supérieure à 70 km. Les habitants de la région de Tel-Aviv ont vu plusieurs projectiles tomber près de chez eux. Et les sirènes ont aussi retenti à Jérusalem (les roquettes tirées en direction de la Ville Sainte se sont en fait abattues dans le Gous Etzion, un bloc de colonies israéliennes de Cisjordanie).
Gagnant : Morsi. Perdant : Abbas
Mais les principaux vainqueurs et perdants ne sont peut-être pas à chercher parmi les belligérants. Le grand gagnant s’appelle Mohamed Morsi, le président égyptien, vers qui tous les regards se sont tournés au moment de la recherche d’une issue à la crise. Si ce cessez-le-feu perdure, Mohammed Morsi en sera auréolé sur la scène régionale et internationale.
Le grand perdant ? C’est le président palestinien Mahmoud Abbas. Face à lui, le Hamas aura beau jeu d’expliquer que la confrontation armée donne davantage de résultats que la négociation avec Israël. Plus de résultats aussi que les démarches à l’ONU comme celle que l’Autorité palestinienne doit lancer dans quelques jours pour demander un statut d’Etat non-membre qui n’aura aucune conséquence sur le terrain.