Pourquoi partir cueillir des olives en Cisjordanie?
Pour être solidaire des travailleurs palestiniens.
Pour les aider à garder leurs terres.
Pour témoigner d'une réalité vécue.
Israël. Arrivée, départ.
A l'arrivée à l'aéroport Ben Gourion, Tel Aviv-Yaffo, peu de contrôles. Interrogatoire rapide en cette fin de nuit. Puis sherout, taxi collectif des Israéliens, jusqu'à Jérusalem ( Al Qods pour les Palestinien-ne-s). Impossible de se faire conduire directement à Jérusalem-Est, zone palestinienne. Sur la route, un check point, en pleine nuit, soldat en armes, contrôle des papiers, puis changement de véhicule porte de Damas, taxi palestinien, jusqu'à destination. Avant d'arriver, on remarque des voitures de police israéliennes en stationnement, avec des hommes armés.
Pour le retour, les vérifications seront plus nombreuses et plus inquisitrices : contrôle à l'entrée de l'aéroport, par une police privée, armée, du passeport et des bagages, vérification des documents de transit à l'intérieur de l'aéroport. Avant la procédure d'enregistrement, contrôle des bagages au scanner puis visuellement avec fouille des valises etc.
Il est arrivé que des militant-e-s soient fouillé-e-s au corps, retenu-e-s plusieurs heures puis refoulé-e-s.
Les autorités israéliennes contrôlent surtout les groupes et les questions portent sur le but du voyage, les lieux visités et il est sans cesse demandé si on est seul.
La cueillette dans un monde de guerre.
Pourquoi travailler dans les champs d'oliviers avec les travailleur-se-s palestinien-ne-s?
Une loi qui date du mandat britannique sur la Palestine précise que toute terre non cultivée peut être, au-delà d'un certain délai, confisquée.
Les intimidations, la violence des juifs israéliens, civils ou militaires, sont pour les Palestinien-ne-s un martyr. Exemples.
Des colons peuvent venir armés, sur les lieux de cueillette pour insulter les Palestinien-ne-s parfois traités « d'animaux », pour frapper, tirer, couper ou brûler des arbres, oliviers, amandiers, poser des portails en travers des routes qui mènent aux champs palestiniens afin d'empêcher le cueillette etc.
Un seul argument pour les colons juifs armés : « Dieu nous a donné cette terre. Elle est à nous seuls. Partez !». Que les Palestinien-ne-s demandent le partage, eux, elles dont les ancêtres vivaient là depuis des siècles, ne perturbe pas leurs agresseurs.
Si les travailleur-se-s quittent leurs terres, c'est fini, elle est confisquée.
Depuis les accords d'Oslo, en 1993, plusieurs centaines de milliers de colons juifs se sont installés sur des territoires palestiniens. Ils viennent des Etats-Unis, de Russie, de France ou d'ailleurs, sont pris en charge par l'état d'Israël, ils sont le fer de lance de ce gouvernement qui, semble-t-il, veut être celui d'un état pour les juifs. Et les autres ?
La présence des volontaires internationaux aux côtés des palestinien-ne-s ne supprime pas les procédures d'expulsion organisées par l'état d'Israël, mais des témoins sont là, prés des travailleurs, et nos ami-e-s souhaitent nous voir. Ainsi, Israël doit agir devant témoins, sans pouvoir se cacher.
Les villes.
Jérusalem (Al Qods).
Des soldats juifs israéliens partout, en armes. Des contrôles fréquents. Des drapeaux de l'état d'Israël sur toutes les maisons palestiniennes confisquées. L'accès à l'esplanade souvent fermé. Jérusalem-Est annexée par Israël au mépris du droit international. Des colonies juives partout, y compris en territoire palestinien, par exemple à Silwan, avec passages de soldats juifs en armes.
Ramallah.
La ville de l'Autorité Palestinienne souffre de la colonisation israélienne. Elle est entourée sur trois côtés par un mur qui ne lui permet pas de gérer son espace. Par exemple, le réseau d'égouts pose problème car Israël à confisqué certains terrains nécessaires à son installation.
Hébron (Al Khalil).
C'est un choc. Check points, tourniquets, caméras, maisons rasées, rues avec blocs de béton en guise de ligne blanche continue pour séparer les deux communautés, portes métalliques de magasins palestiniens soudées pour empêcher un retour des exclus , des soldats israéliens présents partout. Même l'entrée de la mosquée du Tombeau des Patriarches est gardée par des soldats juifs en arme. Là où le colon juif extrémiste Baruch Goldstein a abattu 29 musulmans en prière, les Palestinien-ne-s sont encore plus surveillés, toujours plus victimes de vexations alors que les juifs sont armés, protégés par les soldats.
Pourtant, comme partout, les ami-e-s palestinien-ne-s résistent, restent, survivent pacifiquement avec courage. Une partie de la vieille ville est reconstruite, là où les juifs ont murés leurs portes, les Palestinien-ne-s passent par les fenêtres.
Bethléem.
Le mur. La ville est coupée en deux. D'un quartier à l'autre, il faut traverser les check points avec tourniquets, caméras et, évidemment, soldats armés. Le passage peut durer longtemps, même si des mamans, leurs bébés dans les bras, doivent aller à l'hôpital ou des ouvriers partir au travail.
Cette ville n'est pas seulement un lieu de prière pour les chrétiens et les musulmans, c'est aussi un lieu de discrimination, d'apartheid. Les deux peuples n'ont pas les mêmes lieux de vie, les mêmes droits au travail, à la santé.
Les routes.
Les plus directes, les mieux entretenues, sont réservées aux colons juifs et à l'armée qui les protège. Ainsi, les trajets pour les Palestinien-ne-s sont très longs, interrompus par des contrôles humiliants, des postes avec tourniquets, miradors, soldats en armes...
Le mur.
En vérité, ce n'est pas un mais des murs, partout : en ville comme à Bethléem, autour de toutes les colonies juives, le long des routes qui leur sont réservées, à travers les champs. Avec des points de contrôle sévères, des attentes qui ne permettent pas des soins rapides, une présence régulière sur les lieux de travail et une vie de famille légitime.
Les deux populations, ainsi, se côtoient le moins possible. On ressent vraiment l'impression d'être en prison. Apartheid est le mot qui semble coller à la réalité.
Les colonies juives.
Elles sont de plus en plus nombreuses en Cisjordanie palestinienne. La superficie couverte et les lieux d'implantation morcellent les territoires palestiniens, empêchent des activités économiques palestiniennes dynamiques, rendent la vie de plus en plus difficile pour celles et ceux qui ne sont pas juifs.
Par exemple, autour de Jérusalem-Est et de Béthléem, l'horizon est hérissé d'immeubles réservés aux colonies, toujours plus loin. Chaque colonie a un nom, mais cela couvre de plus en plus d'espace, sur les territoires palestiniens.
La résistance.
Elle est pacifique, mais les Palestinien-ne-s ne veulent pas disparaître.
Etudier, rester en contact avec le reste du monde par le biais des volontaires internationaux, témoins des réalités, grâce aux échanges, aux jumelages, se regrouper dans des coopératives, trouver des partenaires pour survivre économiquement, pour résister, pour une reconnaissance internationale.
Notre campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS) à laquelle participe activement l'Association France Palestine Solidarité est appréciée par beaucoup de Palestinien-ne-s. Et, si certains camarades, en Cisjordanie, doutent de la possibilité de vivre dans un état Palestinien reconnu par l'ONU, à cause de la présence des colonies juives qui rend impossible la gestion en toute liberté des activités économiques essentielles, beaucoup considèrent que la reconnaissance de l'état PALESTINIEN à l'ONU permettra une meilleure défense contre les agressions, la discrimination, l'apartheid, dont tou-te-s sont l'objet.
Soyons solidaires !
A. Calain.