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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 07:35

Non, je n’ai pas envie de parler de la situation là-bas. Ce serait me faire l’écho de trop de désespérance, de renoncement, de résignation et d’un sentiment toujours plus grand d’impuissance.

Non, je n’ai pas envie d’évoquer ce check-point entre Bethléem et Jérusalem où nous avons attendu près d’une heure le bon vouloir des militaires pour que soit ouvert ce passage incontournable. Plus d’une centaine de Palestiniens attendaient là, sous une sorte de hangar en tôle, depuis certainement beaucoup plus longtemps, il faisait chaud, des bébés hurlaient, on sentait la tension monter, monter…. Et s’ils étaient là, ces Palestiniens, c’est parce qu’ils avaient enfin obtenu le sésame des autorités israéliennes pour se déplacer… chez eux !

Non, je n’ai pas envie de parler de ce village de Wadi Foukin, non loin de Bethléem, qui s’étendait sur 19 000 ha avant que les premiers colons ne viennent s’y installer et dont la superficie est aujourd’hui de 3 000 ha. L’étau se referme inexorablement et le maire avoue d’une voix emprunte d’une tristesse poignante qu’il ne sait pas si dans dix ans ils existeront encore.

Non, je n’ai pas envie de rapporter les propos de ce diplomate palestinien en poste à Bruxelles qui, l’espace d’une soirée, a enlevé cette casquette, et avoué que le dialogue est non seulement rompu mais qu’il ne sert plus à rien.

Vais-je parler de ce camp de réfugiés de Dhesheh à Bethléem où ces gens vivent la plus improbable des situations : être réfugiés chez soi, à parfois seulement quelques kilomètres de leurs villages natals d’où ils ont été expulsés et dont certains possèdent encore la clé de leur maison.

Les jeunes, pour les avoir interrogés, savent tous d’où ils viennent, d’où viennent leurs parents, leurs grands-parents. Le légitime droit au retour qu’ils revendiquent semble hautement hypothétique. Surpopulation, chômage, personnel enseignant, médical insuffisant, perfusion internationale mais qui se fait de plus en plus chiche, problèmes d’approvisionnement en eau et en électricité, emprisonnement arbitraire d’adultes, mais aussi d’enfants pour parfois juste un jet de pierre.

Il y a aussi le village de Qalqilia : un seul point de passage –contrôlé par les israéliens- pour entrer dans cette ville de 55 000 habitants. Et puis, un mur –le mur de la honte- le mur de l’apartheid – le mur d’annexion et d’expansion - qui sépare cette localité agricole de ses terres.

Autour du mur, une zone tampon qui diminue d’autant les surfaces cultivables. Et puis des colonies, à perte de vue. Et puis des militaires arrogants. Des contrôles intimidants, déstabilisants, humiliants. Tout est difficile. Tout.

Et cependant, et c’est ce que j’ai vraiment à cœur de dire, et je n’avais envie de dire que cela, ces gens, ces Palestiniens, malgré ce « tout » qui empoisonne leur vie (et à terme les condamne ?) sont accueillants, nous adressent des paroles de bienvenue chaleureuses, nous reçoivent comme des princes, sont généreux, nous remercient de témoigner par notre présence qu’ils sont encore là. Pour combien de temps ? Ne les oublions pas…..

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