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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 11:33


           Ma mère Zakia était si fière que ma sœur et moi parlions mieux l’hébreu que l’arabe. Osman, mon père, croyait qu’en réalisant les niveaux d’éducation les plus élevés, nous serions un jour traitées comme des égales dans notre pays, Israël.

             Il croyait sincèrement que les Palestiniens capables d’articuler leur histoire gagneraient le cœur et l’esprit des Juifs israéliens. Mes parents croyaient dans la promesse d’une démocratie transcendant l’ethnicité.

          Je garde en mémoire ce rêve, mais il est évalué chaque fois que je reviens. Je suis une citoyenne d’Israël, mariée à un Juif américain, pourtant, je ne suis pas la bienvenue en Israël.

 Parce que je suis palestinienne.

             Pendant une visite récente, mon mari a rapidement été contrôlé à l’aéroport Ben Gourion, mais notre fille adolescente et moi – qui avons chacune la double nationalité d’Israël et d’Italie – avons été fouillées. Je suis habituée à la procédure : je dois la subir presque chaque fois que j’entre et que je sors du pays. Mais notre fille, âgée de 17 ans, sanglotait de chagrin.

           « Cet endroit engendre la haine partout ! » a-t-elle dit en pleurant. Pendant le même voyage, j’ai essayé de renouveler son passeport israélien. « Elle n’est pas juive, » m’a dit un fonctionnaire, « et à cause de cela, nous ne sommes pas sûrs qu’elle a droit à la citoyenneté. » Pour les Palestiniens israéliens – et nous représentons 20% de la population – ce sont des humiliations ordinaires. Mais je me demande ce que mes parents – à présent décédés tous les deux – auraient fait du graffiti qui est apparu récemment sur les murs de notre maison familiale à Haïfa, une ville mélangée du nord d’Israël. On pouvait y lire : « Mort aux Arabes ».

               Pendant la guerre récente entre Israël et le Hamas dans la Bande de Gaza, ma cousine se promenait sur la plage près de sa maison, aussi à Haïfa. Elle a entendu par hasard un groupe d’Israéliens se dorant au soleil, discuter avec désinvolture comment l’armée israélienne devrait se comporter avec les habitants de Gaza – « Simplement les tuer tous, » a-t-elle entendu l’un dire. « Je ne me suis jamais sentie si effrayée pendant mes 32 ans de vie, » m’a-t-elle raconté. « Je ne veux pas qu’ils sachent que je suis palestinienne. »

            Israël devient de plus en plus un projet de pureté ethno-religieux et d’exclusion. Des partis religieux sionistes et ultra-orthodoxes occupent 30 des 120 sièges de la Knesset et la coalition gouvernementale comprend des membres du Jewish Home, un parti religieux sioniste, et Yisrael Beiteinu, un parti nationaliste de droite. Est central dans leur politique est un programme de législation discriminatoire, destiné à réduire les droits civils des citoyens israéliens palestiniens.

                 Principale parmi les plus de 50 lois israéliennes discriminatoires étudiées par Adalah, le Centre légal pour les droits de la minorité arabe en Israël, situé à Haïfa, est la Loi du retour, qui automatiquement garantit la citoyenneté israélienne pour tout Juif, indépendamment de son lieu de naissance. Souvent, ils sont conduits dans les colonies de Cisjordanie ( illégales selon le droit international), où ils reçoivent des avantages du gouvernement. Les citoyens israéliens palestiniens, par contre, sont soumis à une interdiction de réunification familiale : S’ils épousent un compatriote palestinien de Cisjordanie ou de la Bande de Gaza, il leur est interdit de vivre en Israël en vertu de la Loi de la citoyenneté et de l’entrée en Israël.

            En septembre, La Cour suprême d’Israël a rejeté une pétition contestant la Loi des admissions des comités, qui permet à des communautés de rejeter des candidats de logement, basée sur « le caractère culturel et social approprié » - un prétexte légal pour refuser une résidence à des non-Juifs.             

          En pratique, même avant que la loi ne passe, il était virtuellement impossible pour un Palestinien d’acheter ou de louer un logement dans toute ville à majorité juive. En outre, la séparation ethnique est maintenue par le système d’éducation. A part quelques écoles mixtes, la plupart des institutions d’éducation en Israël sont divisées en arabes et en juives. D’après Nurit Peled-Elhanan, une professeure en sociologie d’une universite hébraïque qui a fourni l’enquête la plus fouillée des programmes d’enseignement de l’école publique israélienne, il n’existe pas une seule référence positive sur les Palestiniens dans les manuels d’enseignement secondaire. Les Palestiniens sont décrits soit comme « des paysans arabes sans nationalité » ou comme des « terroristes » redoutables, comme la Professeure Peled-Elhanan l’écrit dans son livre « La Palestine dans les manuels scolaires israéliens : Idéologie et propagande dans l’éducation. »

            Le système de ségrégation d’Israël a conduit à une situation où, selon un sondage récent, 42% des Juifs disent n’avoir jamais rencontré un Palestinien. Historiquement, les Juifs ultra-orthodoxes ne servaient pas dans l’armée. Aujourd’hui, oui – et dans chaque section, y compris dans les unités les plus importantes de l’armée israélienne, comme les forces spéciales Sayeret Matkal et l’Unité 8200, dont une des tâches consiste à rassembler des renseignements sur tout Palestinien qu’ils estiment « une menace pour la sécurité ».

          Contrairement à chaque ancien chef du Shin Bet (l’équivalent israélien du FBI), Yoram Cohen, qui dirige aujourd’hui l’agence, est un Juif religieux. Ce changement est typique dans la société israélienne. La plus grande intégration de Juifs ultra-orthodoxes offre clairement des avantages aux Juifs israéliens, mais pour les citoyens israéliens palestiniens, elle a signifié un nouveau racisme inspiré par la religion, en plus de l’ancienne discrimination laïque.

           Des dirigeants nationalistes promeuvent fièrement une politique de haine. Le Ministre des affaires étrangères d’Israël et dirigeant du parti nationaliste laïc Yisrael Beiteinu, Avigdor Lieberman,a soutenu un appel à boycotter les commerces de citoyens d’Israël palestiniens et, de manière inquiétante, a même cherché à rendre légal le « transfert » de Palestiniens.

          Le Secrétaire d’état John Kerry a rencontré Mr Lieberman – apparemment sans contester ces vues si répréhensibles. Telle est l’atmosphère dans laquelle vivent les Palestiniens d’Israël. Et il n’y a pas de réparation ( ??? redress) disponible pour nous ailleurs. Nos droits et notre bien-être ne peuvent certainement pas être représentés par l’Autorité palestinienne, dont la juridiction est limitée au contrôle partiel de la population de la Cisjordanie. Son président, Mahmoud Abbas, ne peut pas négocier pour nous parce que nous sommes des citoyens israéliens. Israël, cependant, préfère ne pas penser à nous comme tels, et donc à recours à toutes sortes d’agressions tatillonnes pour le prouver, comme d’essayer de refuser un nouveau passeport à ma fille.

             Israël est rapide pour souligner les efforts pour délégitimer l’état juif. Pourtant, ce qui vraiment sape le standing international d’Israël ne sont pas ses critiques, mais le traitement exécrable d’Israël envers ses propres citoyens qui sont palestiniens. Ce n’est pas très différents d’autres pays qui ont systématiquement discriminé toute une classe de leur population et les ont ségrégés sur la base de la race, la religion et l’ethnicité.

            Alors qu’Israël (comme les Etats-Unis) prétend abhorrer le racisme et les violations des droits humains ailleurs, la direction politique du pays est activement en train de promulguer des lois qui assurent un système institutionnalisé généralisé de discrimination. Ce dont Israël a besoin, au contraire, est d’un mouvement de droits civils.

Rula Jebreal est une journaliste, analyste de politique étrangère et auteure.

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