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La préfecture de police de Paris, sur consigne du ministre de lIntérieur, Bernard Cazeneuve, a interdit en milieu de journée la manifestation propalestinienne prévue demain, samedi 19 juillet, entre Barbès et la place de lOpéra. Une interdiction motivée par « des risques graves de troubles à lordre public quengendrerait [cette manifestation] dans un contexte de tension accrue », fait valoir la préfecture. Après la déclaration de soutien de François Hollande à loffensive israélienne, le gouvernement donne ainsi raison aux provocateurs et casseurs de la Ligue de défense juive (LDJ). Il ajoute une erreur politique à la bourde présidentielle.
Les organisateurs de la manifestation, par la voix de leur avocat, Hosni Maati, ont dénoncé une décision « qui soppose à une liberté fondamentale » et annoncé lintroduction dun référé-liberté, cest-à-dire un recours en urgence devant la justice administrative, dans lespoir de pouvoir maintenir la manifestation. Si linterdiction nétait pas levée, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), que cette décision « indigne », a prévenu dans un communiqué quil appellerait « tout de même [ ] à se rassembler pour protester publiquement ».
Pour sa part, la Ligue des droits de lhomme (LDH) estime que cette interdiction « constitue une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle et un déni de réalité ». L'association conteste en effet fortement que de telles manifestations importeraient le conflit israélo-palestinien, comme linvoque le gouvernement :
« Exiger la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un État souverain aux frontières aussi sûres et reconnues que celles de lEtat dIsraël, ce nest pas importer un conflit, cest inscrire la politique française dans les principes quelle prétend défendre », assure la LDH dans son communiqué.
La LDH sétonne une nouvelle fois de limpunité dont jouit la LDJ, dont limplication dans les échauffourées qui se sont produites dimanche dernier, rue de la Rocquette, est avérée :
« À en croire les comptes rendus de presse, les faits en cause ont fait lobjet dun traitement judiciaire partial, en ne rendant pas compte du rôle de la Ligue de défense juive dans leur déroulement. La LDH a déjà eu loccasion de sétonner du traitement de faveur dont bénéficie cette organisation qui na jamais caché quelle se comporte, à lencontre de la loi, en milice supplétive de certains partis politiques israéliens membres du gouvernement de M. Netanyahou. »
Alors que « des groupuscules pro-israéliens semblent être, eux aussi, à lorigine de violences et dincitations à la haine » qui ont débouché sur « les débordements de la manifestation de dimanche dernier », le PCF juge « inacceptable que la préfecture renonce à faire respecter lordre et préfère faire taire les manifestants plutôt que de les protéger ».
« Le ministère de lIntérieur doit faire respecter lordre public, et non jouer le jeu de ces individus minoritaires dont lobjectif est dempêcher les manifestants de faire entendre leur appel à la paix et leur soutien au peuple palestinien. »
À Sarcelles, où une manifestation de soutien aux Palestiniens était prévue, dimanche à 15 heures devant la gare de RER Garches-Sarcelles, il aura suffit que la LDJ annonce un rassemblement de soutien à Israël, au même endroit et à la même heure, pour que le gouvernement interdise lun et lautre. À la plus grande satisfaction de la LDJ.
Les réactions:
Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Israéliens et Palestiniens:
Atteintes à la liberté d’expression
En interdisant la manifestation prévue le 19 juillet à Paris en faveur des droits du peuple palestinien notre gouvernement est-il en train d’inventer une exception française pour ce qui concerne la liberté d’expression ? On peut le craindre lorsque l’on rapproche l’exploitation qui a été faite des incidents en marge de la manifestation du 13 juillet à Paris (dont la responsabilité incombe clairement à la Ligue de Défense Juive), les déclarations gouvernementales rapportées par la presse, et les interdictions ou tentatives des autorités administratives d’interdire les rassemblements ou manifestations à Nice, à Paris ou ailleurs, qui étaient appelés en réaction à l’agression israélienne contre la population de Gaza. Faut-il le rappeler ? Nous ne tolérons pas, nous ne tolérerons jamais, que des paroles ou des actes antisémites dénaturent nos actions pour le droit international, pour les droits nationaux du peuple palestinien, contre la politique israélienne et les crimes commis par l’État d’Israël. La loi française condamne et réprime les propos et les actes antisémites : c’est très bien ainsi. Mais tout ce qui va au-delà de la simple application de cette loi, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme ou contre une supposée "importation du conflit israélo-palestinien en France", comme les circulaires Alliot-Marie/Mercier qui ne sont toujours pas abrogées, ou les limitations du droit de manifestation, constituent des atteintes insupportables à la liberté d’expression. La seule expression autorisée, dans l’avenir, serait-elle celle qui est formatée par les communiqués du gouvernement israélien, de son armée, de son ambassade en France et de ses relais habituels ? Il est inadmissible de s’abriter derrière de tels arguments pour empêcher des manifestations pacifiques demandant l’application du droit international et l’arrêt de bombardements sur une population civile. Ceux qui se prétendent pompiers en proclamant vertueusement qu’ils ne veulent pas "importer le conflit israélo-palestinien en France" ne sont-ils pas les pires incendiaires lorsqu’ils confondent sciemment la lutte contre l’antisémitisme et le soutien à la politique criminelle de l’État d’Israël, ou lorsqu’ils cèdent aux pressions de Nétanyahou dans leur prise de position ? Le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens * demande : l’application pleine et entière du droit constitutionnel de manifester en France, une enquête impartiale et indépendante sur les incidents de la rue de la Roquette la dissolution de la LDJ, groupe ultra-violent d’extrême-droite, déjà interdit aux États-Unis.
et toujours l’abrogation des scandaleuses circulaires Alliot-Marie / Mercier * Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) - Alliance for Freedom and Dignity (AFD) - Alternative Libertaire (AL) - Américains contre la guerre (AAW) - Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) - Association des Tunisiens en France (ATF) - Association France Palestine Solidarité (AFPS) - Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR) - Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) - Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) - Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) - Association Universitaire pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) - Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) - Cedetim / IPAM - Collectif des Musulmans de France (CMF) - Collectif Faty Koumba - Collectif interuniversitaire pour la coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP) - Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) - Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint-Denis) - Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) - Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arrt (CJPP5) - Ensemble - Europe Ecologie les Verts (EELV) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) - Fédération Syndicale Unitaire (FSU) - Gauche Unitaire (GU) - Génération Palestine - La Courneuve-Palestine - le Mouvement de la Paix – les Alternatifs - les Femmes en noir - Ligue des Droits de l’Homme (LDH) - Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) - Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) - Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF) - Mouvement Politique d’Emancipation populaire (M’PEP) - Organisation de Femmes Egalité – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) - Parti Communiste Français (PCF) - Parti de Gauche (PG) - Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) - Une Autre Voix Juive (UAVJ) - Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) - Union Générale des Etudiants de Palestine (GUPS-France) - Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) - Union syndicale Solidaires
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Médiapart:
"C’est une décision rarissime pour une manifestation de ce type : vendredi, le gouvernement a annoncé l’interdiction du défilé parisien de soutien à Gaza, prévu samedi. Au risque de heurter profondément ceux qui avaient prévu de manifester, déjà échaudés par le soutien de François Hollande à l’intervention militaire israélienne et par le rôle d'un groupuscule radical, la Ligue de défense juive."
Pour la première fois depuis le début de la nouvelle intervention militaire israélienne à Gaza, une manifestation de soutien à la cause palestinienne est interdite dans une grande capitale occidentale. Prévu ce samedi à Paris, le rassemblement a été interdit par la Préfecture de police, avec l’accord du ministère de l’intérieur, « au vu des risques graves de trouble à l'ordre public qu'engendrerait sa tenue dans un contexte de tension accrue », a fait valoir la Préfecture. Cette dernière a également annoncé samedi que les personnes se rendant tout de même au rassemblement pourrait être interpellée. En revanche, les manifestations prévues en province (deux ont été interdites en début de ...
Communiqué LDH:
Le droit dexprimer ses opinions pacifiquement,
une responsabilité des pouvoirs publics.
La décision du ministère de lIntérieur dinterdire une manifestation en faveur des droits du peuple palestinien au motif « de ne pas importer le conflit israélo-palestinien en France », après avoir autorisé la précédente, constitue une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle, et un déni de la réalité.
Exiger la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un Etat souverain aux frontières, aussi sûres et reconnues que celles de lEtat dIsraël, ce nest pas importer un conflit, cest inscrire la politique française dans les principes quelle prétend défendre.
Au moment où la liste des victimes civiles même si le rappel de la prohibition absolue de tels actes envers toutes les populations civiles simpose sallonge de manière effrayante, il ne sert à rien de tenter détouffer le sentiment de révolte que provoque lintervention militaire israélienne contre la population de Gaza, sauf à vouloir un peu plus accréditer que le gouvernement a fait le choix partisan dun camp.
La LDH entend rappeler avec force que le conflit israélo-palestinien ne peut conduire à assigner à résidence communautaire telle ou telle partie de la population. A ce titre, sen prendre à des lieux de culte et aux croyants est inadmissible et doit être sanctionné.
En même temps, à en croire les comptes rendus de presse, les faits en cause ont fait lobjet dun traitement judiciaire partial, en ne rendant pas compte du rôle de la Ligue de défense juive dans leur déroulement. La LDH a déjà eu loccasion de sétonner du traitement de faveur dont bénéficie cette organisation qui na jamais caché quelle se comporte, à lencontre de la loi, en milice supplétive de certains partis politiques israéliens membres du gouvernement de M. Netanyahou.
Cest sur les pouvoirs publics que pèse, avant tout, la responsabilité de faire respecter le droit de chacun à exprimer ses opinions pacifiquement et dans le cadre des lois de la République. La paix civile comme le libre débat démocratique ne peuvent être préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude claire et impartiale.
L'Huma: